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- Lutte ouvrière n°2967
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Dans le monde
Mayotte
les ravages de l’épidémie de chikungunya
Après avoir subi en quelques mois une épidémie de choléra et deux cyclones, Mayotte est touchée par une nouvelle épidémie de chikungunya.
Cette maladie est provoquée par un virus transmis par les moustiques tigres. Elle provoque une forte fièvre et des douleurs articulaires et musculaires invalidantes, pouvant se prolonger des mois et des années, d’où son nom qui signifie « celui qui marche courbé ». Le chikungunya peut provoquer le décès de personnes fragiles. L’épidémie de 2005/2006 à La Réunion avait affecté 300 000 personnes et en avait tué plus de 250. Mayotte aussi avait été touchée mais, le système de relevé et de recherche des cas étant défaillant les autorités sanitaires s’étaient contentées de dire que l’impact avait été équivalent à celui de La Réunion.
Cette année, à Mayotte, les premiers cas se sont déclarés en mars mais, comme l’épidémie est en phase de décroissance à La Réunion après 500 hospitalisations et 29 décès, les pouvoirs publics n’ont rien anticipé. Ils constatent que l’augmentation rapide des contaminations « est de nature à saturer dans les prochaines semaines et mois le système de santé de Mayotte déjà fragilisé à la suite du passage du cyclone Chido, et de fragiliser la réponse aux besoins en santé de la population dans les prochaines semaines ».
En effet, mais qu’ont-ils fait, alors que les mesures de prévention sont connues depuis longtemps et nécessiteraient la mobilisation d’équipes de lutte antivectorielle massive, la destruction des gîtes larvaires, et une large distribution de produits répulsifs et de moustiquaires ?
Les autorités lésinent sur les mesures d’hygiène et de santé publiques préférant investir prioritairement l’argent et les moyens dans la chasse aux migrants et les cadeaux au patronat.
En revanche, préfet et autorités sanitaires ne sont pas avares d’appels hypocrites à la vigilance et à la prévention dans ce département qui est le plus pauvre de France et où la population, par manque d’accès aux soins, se trouve en mauvaise santé.
Et tandis que les gravats des destructions de Chido s’amoncellent, que l’habitat précaire est généralisé, que les prix flambent pour les produits de première nécessité à commencer par l’alimentation, les belles paroles continuent de pleuvoir sur Mayotte. Manuel Valls assure que la situation est « maîtrisée et surveillée ». Le directeur de l’ARS se fait vacciner devant les caméras avec Ixchiq, le produit autorisé depuis juin 2024, pour lever, dit-il, « la réticence de la population » et annoncer une prochaine campagne ciblant les personnes âgées de 18 à 64 ans présentant au moins une comorbidité.
Les familles, les travailleurs redoutent de voir s’abattre sur eux la calamité du chikungunya, en plus de la dengue et du choléra qui sont loin d’être éradiqués, alors qu’ils doivent toujours lutter pour avoir de l’eau, pour se faire payer les salaires et les primes promises après le cyclone, pour des salles de classe correctes, pour une bâche, pour une tôle...
« Si ce n’était pas la France, vous seriez 10 000 fois plus dans la merde ! », avait osé déclarer Macron le 19 décembre, exprimant ainsi son mépris à l’égard de Mayotte.
La vraie calamité, c’est bien l’incurie de l’État !